« Les épreuves ne sont pas le signe qu’il faut clore l’aventure, mais souvent,
bien au contraire, qu’il devient passionnant de la poursuivre. »
Christiane Singer

 

Aux débuts d’une relation, chacun se montre sous son plus beau jour et est particulièrement attentif à l’autre : regards admiratifs, compliments, absence totale de critiques. C’est la période pendant laquelle on ne se trouve que des points communs, chaque détail venant confirmer qu’on était fait l’un pour l’autre.

Puis, progressivement, chacun retrouve son objectivité et l’autre apparait subitement tel·le qu’il/elle est réellement : avec ses imperfections, ses divergences, ses aspirations contradictoires. Les qualités que l’on trouvait si merveilleuses peuvent même apparaitre désormais comme de suffocants défauts.

Désillusion, déception, doutes et incompréhensions… Nous pensons que l’autre a dissimulé, nous a quelque part menti… nous nous sentons trahi·e, agressé·e, et nous mobilisons alors notre énergie à nous protéger et nous défendre. C’est une phase d’opposition et de distanciation : on se replie, on se fige, voire on agresse.

Interviennent les premières grosses disputes qui mettent le couple à rude épreuve.
C’est une période difficile, éprouvante, douloureuse, et plus d’une relation se termine avant d’avoir dépassé cette phase…

Et si nous en profitions plutôt pour commencer à faire réellement connaissance ?

 

Tomber amoureux se fait tout seul, le rester est une décision.

Le secret d’une belle relation, forte et durable, est de ne jamais abandonner, de revenir au lien inlassablement, intentionnellement, en conscience…

Alors, si plutôt que de faire la liste de nos différences, de nos divergences, nous en faisions la somme, pour enrichir notre couple ?

Si au lieu de tourner le dos à notre partenaire à la première contrariété nous travaillions à nous tenir la main au milieu de la tourmente pour que les vagues, au lieu de nous engloutir, nous portent toujours plus loin – nous, notre relation et notre amour ?

Si au lieu de pleurer cette illusoire fusion de nos débuts qui n’est plus, nous tentions plutôt de comprendre quelle est la source des tensions au sein de notre couple, ce qu’elles nous apprennent de l’autre et surtout ce qu’elles nous apprennent sur nous ?

 

Tout l’enjeu est de ne pas se tromper d’ennemi.

Et si ce n’était pas notre partenaire qui nous blessait, mais nos anciennes douleurs qui se réveillaient à son contact ?

Nous n’avons presque jamais conscience que dans les conflits avec notre partenaire, la majeure partie de notre charge émotionnelle ne trouve pas son origine dans le présent, mais dans notre passé.

Notre histoire, notre vécu, notre culture familiale, nos références sociales… tout ce qui nous a construit jusqu’à notre rencontre avec l’autre.

Ce qui était tabou, interdit, ce que nous avons vécu comme une injustice, une frustration, nos manques et nos blessures.

Nous sommes comme des poupées russes – une infinité de nous-mêmes qui forme un tout parfois très complexe.

 

Nous ne sommes pas ensemble par hasard.

Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? À cette question que beaucoup d’entre nous se posent, la réponse est : parce que nos poupées russes ont tant à se dire !

Si au lieu de nous arcbouter sur notre douleur nous travaillons à comprendre l’origine de nos tensions, nos exaspérations, nos frustrations… si en lieu et place de la réaction nous créons de la connexion, nous pouvons nous transformer.

Chacun peut grandir, devenir plus vivant, plus conscient et plus proche de qui il/elle est vraiment, mais aussi plus sensible et ouvert à l’autre.

Et au lieu d’être un terrain de conflits, le couple peut devenir un espace de connaissance et de compréhension, d’amour et d’acceptation.

L’amour ne nous change pas – il nous transforme.
L’engagement du couple, c’est de rester main dans la main pour inviter chacune de nos transformations.
Et la beauté du couple, c’est de grandir et de s’épanouir au fur et à mesure de ces transformations.

 

Faites une pause. Prenez un peu de recul.

Pour vous aider à repérer ce monde intérieur dont les blessures empêchent la relation profonde, vous privent de la rencontre authentique, nous vous proposons de réaliser un exercice.
Il a pour objectif de vous rendre plus conscient·e de ce qui vous appartient et de ce qui se joue dans la relation.

Installez-vous seul·e, au calme, avec un carnet et un stylo.

Listez tout ce qui vous agace chez votre partenaire, ce que vous n’aimez pas chez lui/elle. Sentez-vous libre d’écrire tout ce que vous souhaitez – vous ne partagerez pas cette liste.

Maintenant, procédez par étape :

Ø Rayez ce qu’un·e autre partenaire ne lui reprocherait probablement pas.
Vous comprenez que cet agacement vous appartient car c’est un de vos bleus à vous qui est touché – essayez d’identifier lequel.

Ø Rayez ce qui pourrait vous être reproché à vous-même.
Ce sont vos projections : un mécanisme de défense du Moi qui consiste à rejeter sur l’autre des pulsions, des désirs et des pensées qu’on ne peut pas ou ne veut pas reconnaître pour siens. Réappropriez-vous ce qui vous appartient.

Ø Rayez ce que vous pouvez (ou pouviez) reprocher aussi à votre père ou votre mère, un trait que vous savez exister chez l’un ou l’autre.
Vous prenez soudain conscience des blessures de votre enfance qui s’activent à l’occasion des réactions de votre partenaire. Vous êtes sur une psychatrice* !
Et ensemble, par votre amour, vous pouvez faire en sorte qu’elle s’apaise.

Ø Barrez ce qui vient de votre éducation : ce qui était permis ou pas chez vous, à l’école, dans les messages sociaux que vous avez reçus comme « ça ne se fait pas » (faire du bruit, être démonstratif·ve…).
Ces règles passées impactent votre relation présente et peuvent encore résonner comme un risque de punition ou de réprobation. C’est de l’histoire ancienne ou une histoire du monde extérieur. Ici, dans votre couple, ces permissions n’ont plus lieu d’être – c’est à vous d’écrire vos propres règles.

Ø Regardez ce qui reste dans votre liste.
Faites l’hypothèse que cela ne changera pas, que c’est l’autre et sa différence. Sentez ce que vous ressentez.

Ø Maintenant, forcez-vous à repérer ce qui est génial dans les comportements de votre partenaire qui vous exaspèrent.
Et demandez-vous : « Quel est le bénéfice de ce comportement ? » Par exemple, si votre partenaire est un·e « affreux·se élitiste », vous pouvez commencer à admettre (si vous abandonnez votre jugement) que l’avantage de ce trait est de s’entourer des meilleurs.

Vous êtes arrivé·e au bout de l’exercice.

Vous commencez à prendre conscience de votre fonctionnement. Vous êtes en train de passer de « tu es affreux·se de faire cela » à « je suis curieux·se de me connaître mieux et de comprendre pourquoi lorsque tu fais ceci ou cela, je suis dans une réactivité, une émotion forte ».
Le travail de transformation est en marche.

Vous êtes aussi en train de faire de la place à la différence. Comprendre qu’elle n’est pas dangereuse. Vous êtes en train d’abandonner l’illusion que vous pouvez modeler l’autre. Vous lâchez la lutte de pouvoir. Vous ouvrez vos bras et votre cœur.

Pour finir, prenez le temps d’échanger sur ce que vous découvrez de vous, sans entrer dans le contenu de votre liste. Vous êtes en train de faire profondément connaissance.

 

Vous souhaitez vous reconnecter à l’énergie des débuts de votre relation mais avec une nouvelle maturité, mais vous ne savez pas trop comment faire ni par où commencer ? Ne restez pas seuls face à ces difficultés. Prenez rendez-vous pour une première séance. Nous prendrons le temps de vous écouter, comprendre les difficultés auxquelles vous êtes confrontés et surtout voir comment nous pouvons vous aider concrètement.

 

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* Source :

Cet article est inspiré du livre de Florentine d’Aulnois-Wang Les clefs de l’intelligence amoureuse – 13 rituels pour prendre soin de son couple aux éditions Larousse. Le sujet des psychatrices est clé dans la relation de couple, nous y consacrerons tout bientôt un article.

 

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