« Le problème avec toi, c’est… moi ! »

 

Les blessures émotionnelles de l’enfance ont des incidences profondes – et souvent insoupçonnées – sur notre vie d’adulte.

Si ces blessures du passé sont très souvent à l’origine de nos relations amicales et familiales conflictuelles, c’est dans notre couple qu’elles vont avoir la plus grande résonance.

Sentiment d’injustice, de trahison, d’humiliation, peur de l’abandon, sentiment d’un manque d’amour… Ces souffrances mettent la relation à rude épreuve et peuvent mener à la rupture. Pourtant, ce n’est pas réellement notre partenaire qui nous blesse, mais nos blessures du passé qui se réveillent à son contact.

Car quand nous ressentons de la douleur, de la peur, de la colère, de la tristesse, ce n’est pas tant l’adulte que nous sommes qui souffre que l’enfant en nous dont les besoins n’ont pas été entendus.

Alors, comment libérer notre enfant intérieur de ses souffrances pour vivre une relation apaisée et épanouissante ?

 

Qu’est-ce que notre « enfant intérieur » ?

L’enfant intérieur désigne la part enfantine de l’adulte – le siège des émotions où sont stockées nos joies et nos peines.

Dans notre enfance, nos parents, nos frères et sœurs, des membres de notre famille ou des adultes qui nous ont entourés, ont pu – souvent sans le vouloir ou sans le savoir – nous blesser profondément.

Des mots, des regards ou des gestes qui nous ont heurté.e, humilié.e, brimé.e dans notre spontanéité, qui nous ont fait douter de notre valeur, de notre droit à être aimé.e, nous ont fait perdre confiance en nous…

Des situations qui nous ont déstabilisé.e, fragilisé.e, culpabilisé.e et qui ont fait naitre en nous un sentiment de rejet ou d’abandon, d’injustice ou de trahison : le manque d’un père ou d’une mère, une place que l’on ne trouve pas, le sentiment d’être responsable de la séparation de ses parents, d’être la honte de la famille…

Ces épisodes laissent des empreintes plus ou moins profondes, des cicatrices plus ou moins douloureuses.

Et ce sont ces blessures originelles qui déterminent en grande partie la vision que nous avons de nous-même et le degré d’estime que nous nous portons.
Qui orientent profondément nos choix et notre manière de penser et d’aborder la vie.
Et conditionnent notre façon de nous positionner par rapport aux autres et notre comportement relationnel.

Cet espace intérieur qui renferme nos peurs, nos attentes frustrées, nos espoirs secrets, nos carences affectives et nos blessures d’autrefois, persiste en nous par-delà les années.
Toute notre vie d’adulte, nous allons suivre des schémas relationnels et affectifs reposant sur un système de (fausses) croyances intériorisées durant l’enfance. Et interpréter les événements à travers les filtres des fêlures avec lesquelles nous avons grandi.

 

Nous demandons à notre partenaire de tenir un rôle qui lui est impossible à tenir

Nous ne choisissons pas l’autre par hasard…
Le choix de nos partenaires de vie est l’écho de notre passé relationnel avec les personnes qui ont façonné notre univers émotionnel – essentiellement nos parents.
Et l’enjeu inconscient de toutes nos relations amoureuses est de « rejouer » les problématiques et situations conflictuelles de notre enfance restées irrésolues, avec le secret espoir d’arriver cette fois à la résolution harmonieuse qui nous a fait défaut autrefois.

Il n’est pas question de nier l’amour ressenti envers la personne choisie.
Mais chacun entre dans une relation en pensant qu’il va y trouver ce dont il a besoin : le moyen de combler ses manques et guérir ses souffrances.

La relation de couple s’installe de façon inconsciente sur la convergence des carences et des attentes, parfois très fortes, de l’un et l’autre des partenaires, que cette relation a pour « mission » de combler.
Chacun va demander implicitement à l’autre d’être non pas le compagnon/la compagne de l’adulte que nous sommes, mais le parent réparateur de nos carences d’enfant.
Mais ce rôle est impossible à tenir…

Certains évènements (gestes, paroles, attitudes…) vont venir réactiver des référentiels négatifs du passé et réveiller les plaies qui ne sont pas guéries. Et déclencher chez nous des émotions très fortes : colère, agressivité, jalousie, frustration…
Et inconscient.e de l’origine réelle de ces émotions, nous allons rendre l’autre responsable de notre souffrance.

L’existence de ces attentes inconscientes explique bien des échecs relationnels.
Pourtant, penser que l’autre peut guérir nos blessures est une illusion. Et ne peut que conduire à la déception.

 

La guérison ne vient jamais de l’extérieur, toujours de l’intérieur

Sans que nous en ayons conscience, l’enfant qui a vécu des traumatismes continue à nous parler tout au long de notre vie d’adulte.
Alors, au lieu de l’ignorer, écoutons-le.
C’est lui qui possède la réponse que nous cherchons depuis si longtemps…

Ÿ Rendre conscient ce qui est inconscient

La première étape vers une relation apaisée est de comprendre ce qui se passe réellement en nous quand nous souffrons ou que nous ressentons des émotions négatives.

Cette compréhension passe par une prise de conscience de tous ces éléments refoulés ou ignorés, enfouis à l’intérieur de nous-même. Ces lignes de forces inconscientes qui dictent nos choix, conditionnent notre perception du monde, de nous-même et d’autrui, qui régissent nos comportements et colorent notre « lecture » de ceux de l’autre.

Ces forces, qui entrent en action de façon automatique, et s’entretiennent d’elles-mêmes puisque nous favorisons inconsciemment les circonstances qui vont conforter notre blessure originelle (sentiment de rejet, d’abandon, d’humiliation…).

Sans prendre conscience que nous transposons notre passé dans notre présent, sans comprendre comment et pourquoi ces schémas négatifs se sont créés, nous sommes voués à les reproduire inlassablement, même s’ils nous font souffrir, et quel·le que soit le/la partenaire choisi·e.

Accepter nos blessures et nos zones d’ombre, les affronter plutôt que de les camoufler, va nous permettre de ne plus les laisser conditionner notre vie. Et pouvoir enfin faire la paix avec notre histoire pour nous orienter vers un rapport apaisé à l’autre.

Ÿ Devenir « le parent de notre enfant intérieur » (Carl Jung)

Faire le lien entre la situation présente et les circonstances du passé qui se réactivent en nous va nous permettre de prendre un recul vital pour la relation :

  • Cesser de rendre l’autre responsable de notre souffrance
  • Cesser de le/la blâmer de ne pas nous aimer assez, de ne pas nous apporter la sécurité affective que nous recherchons ou la valorisation que nous quémandons…
  • Comprendre enfin que la seule personne qui peut guérir nos blessures d’enfance c’est… nous-même !

La voie d’une transformation intérieure est ouverte…

Maintenant que nous avons compris l’origine de nos blessures, nous allons pouvoir renoncer à cette quête illusoire de choses qui ne viendront jamais de l’extérieur et apprendre à satisfaire par nous-même nos besoins (d’attention, d’amour, de reconnaissance…).
Et ainsi atteindre l’autonomie affective et nous affranchir de relations addictives et toxiques (d’hyperactivité, de stress, de poids, de difficultés d’attachement ou de dépendance affective…).

En réinstaurant le dialogue avec cette partie de nous-même dont nous nous étions coupé.e, nous allons être en capacité – en tant qu’adulte qui materne la partie enfant en elle – d’activer un sentiment de sécurité affective et redonner à notre enfant intérieur la capacité de s’exprimer, d’agir et de s’épanouir enfin.

En abandonnant le fol espoir d’être « réparé.e » par la relation affective, et en cessant d’exiger de l’autre qu’il/elle apporte ce qu’il/elle est incapable d’apporter, la relation va devenir enfin riche et féconde.
Libérés de nos attentes névrotiques, nous pouvons enfin offrir tout ce qu’il y a de beau en nous et accueillir ce que l’autre a de merveilleux à donner. Grandir chacun et faire un pas de croissance ensemble.

La relation va gagner une profondeur et une légèreté qui portent toutes les promesses de bonheur à long terme.

 

Bien peu d’entre nous en ont conscience, mais un des enjeux majeurs du couple est de nous permettre de mettre au jour les impacts de notre passé sur notre présent. Si cela expose les partenaires à des conflits, des incompréhensions, des moments douloureux, c’est aussi l’opportunité d’ouvrir l’espace à une nouvelle façon de s’aimer – fondée sur la conscience lucide de ses propres besoins et de ceux de l’autre, ainsi que sur ce qu’on peut – ou pas – lui demander. En jetant un regard neuf sur soi-même, nous créons les conditions d’une relation à deux plus riche, plus authentique et plus épanouissante.

 

Pour aller plus loin…

Nous vous proposons un petit exercice issu du livre de Florentine d’Aulnois-Wang Les clefs de l’intelligence amoureuse – 13 rituels pour prendre soin de son couple aux éditions Larousse. Simple, rapide et merveilleusement efficace pour vous rendre plus conscient.e de ce qui vous appartient et de ce qui se joue véritablement dans la relation. Vous pouvez le retrouver ici

 

Vous souhaitez retrouver le chemin d’une relation plus riche et plus épanouissante, mais vous ne savez pas trop comment faire ni par où commencer ? Ne restez pas seuls face à ces difficultés. Prenez rendez-vous pour une première séance. Nous prendrons le temps de vous écouter, comprendre les difficultés auxquelles vous êtes confrontés et surtout voir comment nous pouvons vous aider concrètement.

 

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* Sources :

Cet article est inspiré du livre de Christophe Fauré Le couple brisé – De la rupture à la reconstruction de soi aux éditions Albin Michel et du livre de Florentine d’Aulnois-Wang Les clefs de l’intelligence amoureuse – 13 rituels pour prendre soin de son couple aux éditions Larousse.

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